Acheter une maison avec le REER, une bonne affaire?
Lorsque l’on décide de cotiser à un Régime enregistré d’épargne-retraite, plus communément appelé le REER, c’est bien entendu dans le but de préparer tranquillement sa retraite et ses vieux jours. L’un des objectifs est de tirer profit des avantages fiscaux en accumulant de l’argent qui se retrouve à l’abri de l’impôt. En effet, tout revenu accumulé dans le régime est habituellement exempt d’impôt pendant la période où les fonds demeurent dans le régime. Donc, pourquoi voudrait-on retirer des sous prévus pour la retraite dans le but de s’acheter une maison? Sachez qu’il est possible de le faire, mais est-ce que cela est une bonne idée?
Le Régime d’accession à la propriété (RAP)
Le Gouvernement fédéral a créé le Régime d’accession à la propriété, ou RAP, dans le but de permettre aux épargnants qui ont peu d’économies de pouvoir eux aussi s’acheter une maison. Ainsi, le RAP permet de retirer du REER, sous forme d’emprunt, dans le but d’acheter ou de construire une habitation admissible (tous les types d’habitations excluant une part dans une coopérative d’habitation qui donne seulement le droit d’habiter le logement). Le plafond des retraits dans le cadre du RAP est actuellement de 35 000$, donc un couple peut obtenir jusqu’à 70 000$ pour l’achat de leur propriété qui deviendra leur résidence principale.
Bien sûr, certaines conditions s’appliquent afin de pouvoir accéder au RAP, notamment le fait que vous devez être considéré comme acheteur d’une première habitation. Pour de plus amples renseignements à ce sujet, veuillez consulter le site du Gouvernement du Canada. Lorsqu’on remplit tous les critères et que l’on a droit au RAP, cet emprunt devra être remboursé sur une période maximale de 15 ans. Il faut savoir que tout montant non remboursé dans le cadre du RAP sera considéré comme un retrait du REER, donc pleinement imposable. Vous aurez donc deviné qu’en retirant jusqu’à 35 000$ de son REER, cela réduira considérablement la croissance du REER. Voilà donc pourquoi un RAP ne devrait être utilisé qu’en dernier recours pour faire l’achat d’une propriété.
Notez bien que si vous avez absolument besoin du Régime d’accession à la propriété pour faire l’achat d’une demeure, il est préférable de le rembourser le plus rapidement possible. Le solde d’un RAP peut être totalement liquidé sans pénalité avant l’échéance des 15 années d’échelonnement du remboursement.
Le REER-hypothèque
Si l’on choisit de ne pas emprunter l’argent de son REER avec la formule du RAP, serait-il préférable d’opter pour un REER-hypothèque? Est-ce une stratégie plus adéquate afin de s’acheter une propriété? La réponse est non. Le REER-hypothèque doit lui aussi être vu comme la dernière des solutions pour accéder à une propriété. En effet, même s’il s’agit d’un emprunt qui rapportera des revenus d’intérêt à notre REER, il ralentira lui aussi la croissance de notre régime de retraite.
Puisqu’on est obligés de payer des frais d’intérêts sur le montant emprunté dans le cadre d’un REER-hypothèque, le REER va certes s’enrichir davantage comparé à un RAP, mais cela demeure bien marginal puisqu’il s’agit de notre propre argent. Lorsque l’on ouvre un REER-hypothèque, il y a une kyrielle de frais administratifs à payer, notamment une assurance de la SCHL, soit la société canadienne d’hypothèques et de logement, des frais de notaire, des frais d’évaluation de la propriété. À cela s’ajoutent également des frais annuels de gestion de REER autogéré. Donc, pour amortir ces frais, il faudrait contracter un REER-hypothèque de 50 000$ au minimum.
Dans les deux cas exposés ci-haut, on considère qu’il s’agit des options de dernier recours. Donc, acheter une maison avec un REER n’est généralement jamais une bonne affaire. Avant de choisir d’acheter une propriété en utilisant les sous prévus pour votre retraite, il est préférable de vérifier toutes les autres options qui s’offrent à vous. N’hésitez pas à consulter des professionnels qui pourront vous aider à faire le meilleur choix selon votre situation.