Bien meilleur, le pouvoir d’achat de la génération Y
Pour la génération des baby-boomers, acheter sa première maison impliquait de vider son bas de laine et de se serrer la ceinture. Pour leurs rejetons, qui ont commencé à investir le marché immobilier au début des années 2000, la situation est bien différente. À salaire comparable, les jeunes acheteurs peuvent aujourd’hui acquérir des résidences jusqu’à deux fois plus grandes que celles que se sont procurées leurs parents au même âge. Électroménagers en acier inoxydable, deuxième voiture et sorties au resto inclus.
Mireille, une jeune maman de 26 ans, vient tout juste d’aménager dans la maison qu’elle s’est fait construire avec son conjoint à Beauport. Parmi les atouts de la résidence qui couvre plus de 1000 pieds carrés : un foyer, un toit cathédrale et une grande salle de bains des maîtres.
Lorsque Roger, 53 ans, parle de l’acquisition de sa fille, il convient que la maison de 160 000 $ est beaucoup plus luxueuse que celle de 33 000 $ qu’il s’était procurée quelques mois après son mariage.
«C’est évident que la maison de Mireille est beaucoup plus belle que celle qu’on pouvait se permettre», affirme l’intégrateur et gestionnaire de logiciels réseau. «En plus, ils veulent et ont tout ce que ça nous a pris 30 ans à accumuler : lave-vaisselle, micro-ondes, système de son et meubles neufs.»
Un climat plus favorable
Grâce à de faibles taux d’intérêt, à la possibilité d’effectuer de petites mises de fonds et aux hypothèques remboursables sur de plus longues périodes, les acheteurs de la génération Y (1977-1987) ont un bien meilleur pouvoir d’achat que celui des baby-boomers, confirment les spécialistes.
Depuis 2000, les taux d’intérêt oscillent entre 4 et 8 %, ce qui n’était pas le cas lorsque Roger a fait l’achat de son premier domicile à Val-Bélair en 1976. Le taux d’intérêt annuel pour son hypothèque était alors de 12 %. Au moment du renouvellement, cinq ans plus tard, il avait grimpé à 18 %.
«C’est sûr qu’on n’allait pas au resto souvent. On avait acheté une maison. On payait la maison», dit le paternel.
De son côté, Mireille ne croit pas qu’elle aura à sacrifier les sorties en amoureux ou entre amis.
«En budgétant, on s’est rendu compte que de se faire construire allait coûter environ 100 $ de plus par mois que si nous vivions dans un cinq et demi. Donc ça ne va pas faire une énorme différence dans notre mode de vie», explique la technicienne en information.
Plus d’accès
«Aujourd’hui, il y a plein de jeunes qui ont des premières hypothèques de 200 000 $. L’équivalent était impensable autrefois», note Daniel Gill, professeur à la faculté d’aménagement et d’urbanisme à l’Université de Montréal.
«Dans les années 70-80, il fallait faire des down payments de 25 % alors que maintenant, on peut acheter une maison sans argent. Un jeune couple sur le marché du travail n’a plus à attendre trois ou quatre ans avant d’amasser la mise de fonds nécessaire», poursuit-il.
Avec un prêt jumelé de la banque et de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, il est maintenant possible de financer sa maison à 95 %, ajoute Germain Belzile, professeur à l’École des hautes études commerciales.
Contrairement à leurs parents, les jeunes acheteurs d’aujourd’hui peuvent étaler leurs hypothèques sur 40 ans au lieu de 20. Le pouvoir d’achat des ménages est d’autant plus accentué par le faible taux de chômage, le fait que plus de femmes travaillent ainsi que par l’arrivée des garderies subventionnées. Lorsque l’on achète son premier chez-soi, il est également possible de transférer ses REER vers son hypothèque.
«Autrefois, le remboursement d’une hypothèque de 100 000 $ à 12 % était d’environ 1250 $ par mois. Aujourd’hui, à des taux aux alentours de 5 %, ça coûte 582 $ par mois. Mais comme les ménages sont encore prêts à payer 1200 $ par mois, ils prennent des maisons à 250 000 $», remarque Daniel Gill.
De jeunes acheteurs peu convaincus
Alain, un graphiste de 26 ans, se cherche une propriété depuis six mois par les annonces classées sur le Web. Il qualifie les maisons qu’il peut se permettre comme «ben ordinaires».
À son avis, les jeunes ne sont pas en aussi bonne posture qu’on pourrait le croire. «Il y a pas grand-chose sur le marché en bas de 150 000 $ qui ne nécessite pas de rénovations majeures, dit-il. En plus, j’ai des dettes d’études assez élevées, donc on oublie la maison de rêves!»
Mais pour Germain Belzile, la génération Y est très chanceuse. «Il est évident que le pouvoir d’achat des gens qui ont acheté leur domicile dans les années 2000 est beaucoup plus grand que ceux qui l’ont acheté dans les années 70-80», rappelle-t-il. Même son de cloche chez Daniel Gill. «Avec toutes ces conditions favorables, les jeunes n’ont pas vraiment d’excuses!», conclut-il.
Un pouvoir d’achat qui augmente
Dans les années 80, la moyenne des ménages canadiens réservaient entre 30 % et 40 % de leurs revenus pour payer leurs mensualités hypothécaires. Entre 1997 et 2002, ils octroyaient en moyenne 25 % de leurs revenus pour payer leur logement. En 2006, 33 % des acheteurs étaient âgés entre 18 et 34 ans.
Source : Société canadienne d’hypothèques et de logement