Éviter les vices cachés
Pouliot, Gaétan
L’inspection de bâtiments résidentiels n’est pas encadrée au Québec. Tout le monde peut s’improviser inspecteur. Dans ce contexte, l’Association des inspecteurs en bâtiments du Québec se démarque et a annoncé hier qu’elle va rehausser ses règles.
«La nouvelle norme va être plus exigeante, explique Albert Arduini, président de l’Association. Elle est plus claire, elle est plus stricte. Elle impose à l’inspecteur des choses qu’elle n’imposait pas avant.»
Cette organisation, qui est la plus importante du genre au Québec, regroupe sur une base volontaire 200 des 500 inspecteurs en bâtiment de la province. Et à partir du 1er janvier prochain, ces derniers devront être plus alertes et leurs inspections, plus détaillées. Par exemple, ils devront systématiquement inspecter les panneaux de distribution électrique, ce qui n’était pas le cas avant. Autre nouveauté, les inspecteurs devront se soucier de la sécurité des occupants en répertoriant toute installation non sécuritaire. Les sorties de secours, les escaliers, les accès aux piscines et les détecteurs de fumée seront examinés de près. Ils pourront aussi inspecter des immeubles de trois étages. Auparavant, ils étaient limités aux bâtiments comportant quatre logements et plus.
Avec ces changements, l’Association estime que ses normes seront parmi les plus rigoureuses en Amérique du Nord. Elle veut ainsi demeurer la référence dans le domaine et offrir une meilleure protection aux consommateurs.
Les normes de l’Association n’avaient pas connu de modifications importantes depuis une dizaine d’années. Selon Albert Arduini, les futurs propriétaires sont plus exigeants aujourd’hui. Ça se comprend: l’achat d’une maison peut-être une véritable course à obstacles et une source de stress pour les futurs propriétaires. «Lorsque quelqu’un achète une propriété, c’est probablement le plus gros investissement qu’il va faire dans sa vie, explique-t-il. C’est pourquoi ils sont très exigeants envers les inspecteurs en bâtiment. Le consommateur s’attend à avoir une inspection qui lui donne une vraie bonne idée de ce qu’il achète et des défauts qu’il va avoir.»
Par ailleurs, au cours des dernières années, des poursuites devant les tribunaux concernant des erreurs ou des omissions d’inspecteurs ont fait évoluer les pratiques. À l’avenir, «tout le monde va être mieux protégé», croit M. Arduini. L’acheteur, l’inspecteur, mais aussi le vendeur et l’agent immobilier. Les institutions financières recommandent aussi de plus en plus aux acheteurs de recourir aux services d’un inspecteur.
À l’heure actuelle, l’inspection n’est pas réglementée au Québec. Rien n’oblige les inspecteurs à détenir de formation particulière, à se conformer à des normes minimales ou à un code de déontologie.
Une inspection coûte actuellement de 400 à 500 dollars. Malgré les nouvelles règles, Albert Arduini ne croit pas que les coûts pour une inspection effectuée par un membre de son organisation seront beaucoup plus élevés. «S’il y a des augmentations, ça sera des augmentations minimes pour couvrir la demi-heure, l’heure de plus que ça va prendre à l’inspecteur pour rédiger un rapport qui répond aux exigences de la nouvelle norme», dit-il.
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